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lundi 28 mai 2012

Faire le point sur la mort ....

Question : J'avais la certitude intérieure que j'étais capable d'accepter sereinement le départ d'un être proche. Aujourd'hui, ma mère est en train de mourir et très souvent la tristesse me submerge. Pourquoi reste-t-il toute cette souffrance en moi ?



Pourquoi ne t'autorises-tu pas à vivre ce deuil, à vivre cette perte et en le vivant comme une perte ?
 Parce que, pour l'illusion, c'est une perte.
 Ce sac de "nourriture", qui fut ta mère, va disparaître et toi tu restes.
 Il y a un manque de quelque chose. Pourquoi empêcherais-tu cela de se manifester ?
 Réfuter n'est pas empêcher une manifestation.
 Se croire fort, parce que l'on vit des expériences de Soi (ou du Soi) est très, très vite rattrapé par ce genre de perte, par ce genre de disparition.
 Qu'est-ce que cela montre, sans aucune culpabilité ? C'est que le Soi n'est pas Éternel.
Seul l'Absolu est Éternel. Si tu es affectée, accepte de regarder.
 Tu n'es pas à critiquer. Tu n'es pas à replacer, quelque part, mais, simplement, être lucide que la mort te renvoie à ta propre mort et donc t'appelle à envisager, de manière brutale : qu'est-ce que la mort ?

Comment envisages-tu ta propre mort ? Si tu acceptes que ce qui meurt n'est pas toi mais, juste, ce sac de nourriture et sa conscience.
Ta mère n'a représenté qu'une projection synchrone de toi-même (elle dans son corps) et la traduction d'un certain nombre d'affects qui, dès le départ, sont éphémères et ne sont pas reconnus comme tels. Il y a donc une dépendance, un attachement, une souffrance, qui est liée à la perte. Cela t'appelle, simplement, à vivre l'expérience.

 Á voir cela. Le Soi ne peut jamais dépasser la mort (dans tous les sens du terme). Seul l'Absolu fait cela. Parce que la vie et la mort sont intimement liées, dans l'illusion.
 Dans l'Absolu, il n'y a ni vie, ni mort.
 Tant que vous n'êtes pas capables d'aimer sans la présence de celui qui est aimé, quel est cet amour ?
 Pour quelle raison y aurait-il un manque pour celui qui est Amour ?
 De qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Les liens familiaux disent bien ce qu'ils veulent dire : ce sont des liens. Ces liens vous rassurent, parce qu'ils créent un sentiment de pérennité, parce qu'une mère se pérennise dans son enfant qui, à son tour, se pérennise, elle-même, dans un autre enfant.
 Alors que l'ensemble ne représente que des projections. Est-ce que ta souffrance va durer au-delà d'un temps ? Est-ce qu'elle sera la même dans 6 mois ? Parfois oui, parfois non. C'est la rupture, le sentiment de perte, qui déclenche cela.
 Parce que qu'est-ce qui croit qui a perdu quelque chose, si ce n'est l'ego ?
 Si tu changes de regard, tu verras que ce que tu Es ne souffre pas.
Pour un moment transitoire, tu es sortie du fauteuil et tu es rentrée dans le rôle de l'acteur et de l'interaction avec un autre acteur.
 Cette interaction ne veut rien dire, parce que celui que tu as aimé, en tant que mère, ailleurs, est un être qui a été ton bourreau.
 Donc tu es influencée et marquée par l'instant, l'instant du lien (ici, appelé création ou procréation). Il y a nécessairement cette perte et la peur de la perte, qui est inscrite en toi. Parce que celui qui sait ce qu'est la mort ne peut être affecté par la mort d'un proche.
 Au contraire, si il pense au mort, il devrait être content et heureux, parce qu'il est sorti de l'Illusion, alors que, toi, tu y restes.

 Où mettez-vous l'amour ? Le mettez-vous dans le lien et dans la dépendance ? Ou alors, le mettez-vous dans le fait qu'un être soit Libéré de la limitation, de l'enfermement, de l'ignorance ? Ça prouve, aussi, que tu te places de ton point de vue, mais pas du point de vue de celui qui part, non pas dans sa souffrance, mais dans sa Libération à venir.

Vous envisagez la mort comme une perte. Mais la mort est tout sauf une perte. Je pourrais vous répondre que la vie est une perte, ici.
 Oui, parce que vous perdez l'Absolu. Là, est la vraie perte.
Tant que vous considérez que la perte de votre corps, d'un lien, quel qu'il soit, vous affecte, cela signe la personnalité, ou le Soi.
 Celui qui est, réellement, en Absolu, sait très bien que la mort est une naissance. La vraie naissance.
 Pas celle qui vous conduit à vous projeter dans ce corps dans lequel vous habitez.
 Vous êtes inversés, parce que ce monde est inversé.
 Et vous souffrez de l'inversion quand celle-ci disparaît. Accepte la souffrance. Vis-la. Mais comprends-en le sens, l'attachement, qui est derrière.
 Tant que tu es soumis à ce genre de réaction, accepte de le voir, mais voit plus loin que cela, parce que cela traduit autre chose que la simple perte affective de celle qui t'a nourrie et mise au monde. C'est bien plus que cela.
Alors que, dans d'autres pays, la mort est une fête, il y a un tel culte de la personnalité et de l'éphémère, dans ce monde, que vous fêtez les naissances. Vous vous réjouissez, quand une âme est enfermée à nouveau. Vous le voulez, même, en tant que mère (enfermer des âmes), parce que vous êtes seuls. Si vous allez au bout de cette logique, vous verrez apparaître, clairement, les manques, le besoin de se remplir d'illusions.
 L'instinct de reproduction, qui appelle à la vie, n'est qu'un appel à la mort. Vous êtes Éternels et vous êtes Amour. Pourquoi travestir l'Amour dans une quelconque naissance ? Ou la perte d'un amour dans une quelconque mort ?
 Conceptualisez et vivez que ce n'est qu'un point de vue et une position et que, de cette position, là où vous êtes, découle la souffrance ou la non souffrance. La souffrance n'existe pas. Quand tu meurs, est-ce que tu emportes ta souffrance ? Est-ce que celui qui a souffert, au moment de sa mort, est capable d'emporter sa souffrance, comme ses joies, d'ailleurs ?
 Tant que vous vous placerez, vous-même, dans l'éphémère, quel que soit cet éphémère (un enfant ou un parent, dans ce corps qui est le vôtre), vous souffrirez, parce que l'éphémère est souffrance. Il n'est pas question de renier la souffrance mais de voir, clairement, ce qui se déroule.

Veux-tu simplement que tes Samadhis et ta Joie soient des alternances avec la souffrance ? Ou veux-tu ne plus être tributaire de toute souffrance ? La souffrance n'est jamais inéluctable. Elle n'est qu'en résonance avec un point de vue. N'oublie pas que la souffrance, avant tout, est un processus chimique, que cette souffrance soit physique ou psychologique.
 La conscience joue à souffrir. L'Absolu ne peut souffrir. Même si ce corps est touché. Et je parle d'expérience. D'ailleurs, l'expression même, quand vous dites : «je suis malade», «j'ai un cancer», «j'ai un deuil», qui est-ce qui a un deuil, qui est-ce qui a un cancer ? Ce corps.
 Pas vous. Mais vous êtes tellement attachés à votre personne que vous ne voyez rien d'autre que votre personne.
Posez-vous la question de pourquoi vous êtes attachés à l'éphémère, alors que vous savez qu'il est éphémère et que l'éphémère est souffrance, nécessairement. Demandez à un bébé, s'il en avait le souvenir, s'il est heureux d'être là. Il est heureux où ? Dans le ventre. Mais pas quand il sort.
Demandez à un mort, qui est mort (mais pas avant qu'il meure, mais après) : est-ce qu'il est content ? Donc, vous projetez, sans arrêt, vos cadres de références, par rapport à votre manque.
 Réfléchissez. S'il n'y avait pas de place pour le manque, en vous, pourquoi manifester une quelconque souffrance pour celui qui est Libéré ?
 En fait, votre point de vue est égoïste. Vous manquez d'amour et donc, vous manquez de respect pour celui qui est dans l'Amour, puisqu'il part, ou qu'il est parti. Et vous aimez celui qui arrive. Du point de vue de la personne et de la logique humaine, familiale et sociale, c'est parfait.
 Du point de vue de l'Absolu, c'est tordu. C'est complètement à l'envers.

 Et c'est la Vérité. Qu'est-ce que vous exprimez quand le manque de l'autre vous prend ?
 Le manque de vous-même, simplement, puisque l'autre est vous.
 Alors, c'est bien beau de parler d'amour et de dire que tout est Un et d'en faire l'expérience. Et vient une séparation ou une perte. Qu'est-ce que vous manifestez ? La souffrance. La Joie est envolée. Pourquoi ? Toujours pareil : à cause du manque. Et le manque s'inscrit comme une subdivision de la peur. Parce que, ici, sur ce monde où vous êtes, vous êtes séparés, divisés et vous êtes seuls. Parce que la personnalité vit cela. Est-ce que l'Absolu est seul ? C'est impossible de réfléchir comme cela. L'Absolu n'est ni seul ni entouré. Il est Tout.

 Dans le Tout, il n'y a pas de manque. C'est vous qui êtes en manque. Et vous cherchez partout, ailleurs : par la spiritualité, par la psychologie, par cette quête effrénée de vous-même et vous oubliez que tout est déjà là. Et vous maintenez le spectacle. Le théâtre, il est éternel. Vous rejouez les mêmes actes, les mêmes scénarios, les mêmes souffrances, de vie en vie. Est-ce que vous êtes cela ? Est-ce que vous êtes cet éphémère, qui se reproduit sans arrêt avec les mêmes manques, les mêmes souffrances, les mêmes terreurs. C'est cela votre point de vue ?
 Réfléchissez. Vous n'êtes pas la souffrance. Ça ne veut pas dire ignorer la souffrance, mais ne pas être identifié. Elle est là. Qu'est-ce qu'elle montre ? Il n'y a pas de porte de sortie, là non plus, excepté l'Absolu ou la mort. Mais vous ne pouvez réfuter la vie ou mettre fin à la vie, parce que l'Absolu contient aussi cette vie, inversée.
 L'Absolu n'est pas exclu de la vie, même ici. C'est impossible. Voilà ce que dit la perte d'un être cher. Quelle que soit cette perte, il faut aller au-delà. Parce que la souffrance n'exprimera, en définitive, que, toujours et exclusivement, la personnalité et ses manques, ses frustrations, même à travers ce qui est nommé un lien d'amour.
 Ce n'est pas la Liberté. Osez aller de l'autre coté, là où est l'Éternité, là où est la vraie Liberté et la vraie Joie, le Rire, au-delà de toutes les circonstances de cette vie, de ce corps. Á vous de savoir ce que vous voulez : maintenir la souffrance ou être Absolu ?

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